vendredi 19 avril 2019

Avant Propos

En kinésithérapie traumatique, après fracture, entorse, le patient doit retrouver l’usage progressif de son segment déficitaire. Pour cela, il se réfère au modèle interne de son schéma corporel conservé. 
En neurologie centrale chronique, il ne s’agit pas de recommencer un parcours inscrit dans la mémoire motrice. Il s’agit de refaire une mémoire motrice. Il s’agit de créer un nouveau parcours synaptique afin de rendre son nouvel outil corporel plus habile qu’il n’est. Au niveau des moyens employés le mot rééducation (avec le préfixe ré), signale qu’on refait une éducation sans dire si l’on va refaire le même chemin ou si l’on va employer de nouvelles voies. En neurologie chronique, c’est bien une néo-éducation qui doit être mise en place pour fabriquer de nouvelles synergies avec de nouvelles synapses. Voilà pourquoi, nous utilisons l’anglicisme « réhabilitation » qui signifie que l’on cherche à rendre le patient de nouveau habile de son corps. (Sans avoir récupéré le corps et les circuits neuronaux qui étaient les siens avant). Réhabilitation évoque le moyen employé : plus le patient aura appris d’«habiletés» moins il aura de restrictions de participations (incapacités). De plus, en français, le mot « réhabiliter » a un sens de rénovation mais aussi de « rendre à quelqu’un ses droits perdus et l’estime publique ».
Dans la neuro-réhabilitation, deux logiques se rencontrent : 
celle du patient qui après lésion neurologique, veut récupérer le corps d’avant 
et celle du kinésithérapeute qui ne peut que lui apprendre à se servir de son nouveau corps. Le kinésithérapeute agit principalement à travers trois types de gestes « thérapeutiques » :
-     Il est un « soigneur » de l’articulation et pratique une thérapie manuelle pour aider le
patient de neurologie à « récupérer ses amplitudes ».
-        Mais il se mue en entraineur en « coach » pour renforcer tel ou tel segment déficitaire ou améliorer la marche
-        Il a aussi une dimension d’enseignant du mouvement pour apprendre au patient à trouver l’équilibre à quatre pattes, à genou , en chevalier servant , debout. Il essaie d’emporter l’adhésion du patient et devient le « coping » rééducateur  médiateur du savoir médical. Il explique la vicariance, la création de nouvelles synapses pour créer de nouvelles habiletés motrices avec son nouveau corps. (Alors que le patient souhaitait retrouver le corps d’avant.)
La neuro réhabilitation s’appuie sur quatre piliers :
- une longue écoute et recueil de l’histoire du patient, de ses traitements successifs et de ses doléances
- un recueil de capacités motrices le plus exhaustif possible. Pour cela il faut découper les tâches posturales impossibles en sous tâches possibles
- l’aménagement matériel du milieu afin que le patient s’empare de l’acquisition des sous-tâches difficiles puis parvienne à les perfectionner par la répétition sans l’aide du kinésithérapeute
- un compromis entre les désirs du patient et les propositions du kinésithérapeute ainsi qu’une mesure précise des résultats afin de favoriser la connaissance du résultat partagée par eux deux.
Dans le sens étymologique, re-educere signifie reconduire au dehors. Il dit bien l’objectif que nous poursuivons : reconduire le patient de neuro en dehors de sa maison. Aller dehors avec son fauteuil ou marcher dans la rue, traverser la rue, prendre les transports en commun, aller au cinema, pédaler à vélo ou tricycle, nager,  oser se mettre en maillot de bain devant les autres et retourner à la piscine,


1 commentaire:

Qui êtes-vous ?

Francis Laurent Kinésithérapeute à Bordeaux Enseignant en neurokinésithérapie dans les écoles de Bordeaux, Bègles, Dax, Poitiers et DU Paris Est Créteil. Formateur pour Mulhouse Alister et Bordeaux FCS http://www.alister.org/formations/reeducation_kinesitherapie_hemiplegie_chronique Bordeaux http://www.fcsante.org/programmes/hemiplegies.pdf