vendredi 19 avril 2019

II.1.Rééducation selon le type de déficiences

Introduction
On l’a vu dans le chapitre précédent, chaque personne a une histoire particulière, et se retrouve après la lésion avec une « circuiterie cognitivo-émotivo-sensitivo-motrice » spécifique [1], celle que lui a « légué » sa lésion. C’est avec ce nouveau patrimoine neuronal qu’elle va essayer de tirer au mieux profit de la neuroplasticité. Essayons de déterminer les  types de lésions sensitivo-motrices, leurs évolutions, les  types de rééducation sensitivo motrices effectuées et quels facteurs peuvent influer sur ces rééducations ?.

II.1. Problématiques de Rééducations

II.1.1 Présentation

Nous sommes neuf kinésithérapeutes installés sur trois sites de la communauté bordelaise et nous effectuons chaque année plus de vingt-deux mille actes de rééducation de personnes en ALD pour des causes neurologiques. (Soit plus de cinq cents actes hebdomadaires de Neuro-rééducation en cabinet. Plusieurs problématiques s’entrecroisent en neurokinésithérapie chronique et nous avons classé nos patients suivant plusieurs critères :


I. 1.2 Rééducations selon le type de déficiences

 On peut  classer les atteintes neuro- motrices selon quatre types de déficiences :
qui génèrent des expressions motrices et des rééducations particulières. : syndromes pyramidaux, ataxies, syndromes extrapyramidaux et atteintes périphériques)  (Classées par fréquences décroissantes)

- Atteintes Pyramidales problématique de parésies spastiques, perte partielle ou totale de commande sur un segment. Elles représentent 72% de nos séances.

Les AVC représentent 24% de notre activité, les SEP représentent 14%, IMC (13%), Traumas crâniens 8%, Médullaires incomplets 7% et complets 6%
-   Ataxies problématique de coordination agonistes-antagonistes, provoquant une dysmétrie. Contrairement aux « pyramidaux » les personnes ataxiques produisent trop de mouvements. Elles représentent 13 à 20 % de nos séances, (attendu qu’on peut les retrouver associées à des troubles pyramidaux dans les SEP ou les traumatisés crâniens). Il y a les ataxies stables (2,7%), les Ataxies sensitives suite AVC (2,3%), les Atteintes spinocérébelleuses évolutives (Friedreich etc..) et les AMS cérébelleuses 2,5 %.

 - Atteintes extrapyramidales et problématique d’initiation du mouvement. (9% de nos séances)
- Atteintes Périphériques  problématique de paralysies flasques. Contrairement aux personnes atteintes de paralysies pyramidales, les personnes avec paralysie périphériques gardent un bon schéma corporel et ont une bonne gestion des segments paralysés.
La Neurologie périphérique stable représente (1,4 %) évolutive (0,6%) et Myopathies (1,7%),
Il existe un grand nombre d’atteintes plus rares qui se répartissent dans les quatre groupes précédents : les tumeurs cérébrales (1,4 %), encéphalites, SLA, vascularites … (1,7%)

II. 1.3 Problématiques de rééduccation par mode de déplacements 
-          41 % des patients ont une marche fonctionnelle en ville
-          26 % ont une marche fonctionnelle à l’intérieur du domicile
-          33 % sont en fauteuil roulant
Il faut donc équiper l’espace de rééducation afin de planifier des rééducations répondant à ces trois mode de déambulation.

     II.1.4 Rééducation selon l'évolution des déficiences 

Sultana et Mesure [2] ont proposé de les classer en quatre catégories :
- Evolution favorable  dans les premières semaines :  récupération neurobiologique spontanée mais cette récupération neurobiologique spontanée qu’on peut aussi qualifier de guérison est limitée dans le temps.  Les récupérations les plus complètes sont les plus rapides et surviennent dans le mois qui suit la lésion. (HAS 2012) [3]. (Voir plus bas II.2.2 Progrès neurobiologiques spontanés)  Il s’agit d’accompagner ces personnes dans une dynamique de réentrainement à l’effort et de reprise de confiance en soi. Dans l’AVC les patients recouvrent 95% de leurs capacités maximales en 5 semaines.[4]
 - Atteintes chroniques stables : lésions dont la récupération neurobiologique spontanée est incomplète. La personne garde des déficiences durables.  Commence alors une phase d’amélioration des capacités motrices qui elle, n’est pas limitée dans le temps.
- Atteintes à évolution rapide : SLA ; Tumeurs, SEP en poussée. La vitesse d’évolution de ces atteintes fait qu’on n’a pas le temps d’appliquer des programmes de rééducation à long terme. Il s’agit d’accompagner ces personnes dans la perte progressive de leurs capacités par des gestes palliatifs.
- Atteintes à évolution lente: Parkinson, SEP progressive, atteintes spinocérébelleuses. Entre les poussées, ou les phases d’aggravation, on se retrouve dans une problématique de lésion stabilisée pour un temps et l’on a donc pour ce temps-là les mêmes objectifs que pour les patients chroniques stables. Sauf que si le kinésithérapeute est tenu de faire un bilan précis des capacités du patient, il n’est pas certain qu’il faille expliciter les incapacités comme on le fait dans les atteintes stabilisées.
65% de nos patients relèvent d’une atteinte chronique stable et 35% relèvent d’une atteinte chronique évolutive. Parmi eux certains ont des traitements médicaux, d’autres (pathologies génétiques) ont pour seul traitement la kinésithérapie.






[1] Damasio, A. R. (2006). Erreur de Descartes (L'). Odile Jacob
[2] Mesure, S.. Sultana, R.  Ataxie et syndromes cérébelleux; approches fonctionnelles, ludiques et sportives. Masson.  2008.
[3] https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2012-11/11irp01_argu_avc_methodes_de_reeducation.pdf
[4] Mühl A, Vuadens P. Intérêt et coût de la réadaptation neurologique des patients cérébro-lésés. Revue médicale suisse. 2011 May 4(293):948.

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Qui êtes-vous ?

Francis Laurent Kinésithérapeute à Bordeaux Enseignant en neurokinésithérapie dans les écoles de Bordeaux, Bègles, Dax, Poitiers et DU Paris Est Créteil. Formateur pour Mulhouse Alister et Bordeaux FCS http://www.alister.org/formations/reeducation_kinesitherapie_hemiplegie_chronique Bordeaux http://www.fcsante.org/programmes/hemiplegies.pdf