IV. Conclusion
il nous semble important de nous pencher aussi
sur les « contenants » :
- L’espace et la façon dont nous pratiquons
l’«aménagement matériel du milieu» pour favoriser un apprentissage.
- La durée consacrée à la séance, (individuelle
ou de groupe).
- Les théories de l’apprentissage : loin
d’adhérer exclusivement à une école de pensée, nous faisons autant référence au
béhaviorisme qu’aux constructivismes en fonction de la situation du patient. Les
voies de l’apprentissage sont impénétrables et nous essayons de nous adapter à
ce qui « marche » avec ce patient. (Ce n’est pas toujours évident)
- Le contenant c’est aussi l’accueil du
patient, son écoute, son recueil de capacités, (beaucoup plus long que le bilan
des déficiences et incapacités mis en évidence par les échelles. Ce qu’Alain
Autret appelle « les facteurs psychologiques non spécifiques »[1].
- C’est aussi les objectifs du patient et
ceux du kiné (qui peuvent parfois diverger).
- C’est la fiabilité intra-opérateur des bilans
critériés que le praticien met en place pour suivre au plus près l’évolution et
la rapporter fidèlement au patient parfois anosognosique
- C’est la familiarité qui s’installe au
fil des années que le patient cherche à prolonger par des relations plus personnelles.
C’est pourquoi, nous répondons aux invitations que les patients nous lancent
parfois, par l’organisation annuelle d’un repas au restaurant auquel s’inscrivent
ceux qui le veulent.
- Mais c’est aussi les conflits qui peuvent
naitre parfois du fait de cette longueur relationnelle ou des situations difficiles
avec les patients qui s’aggravent. C’est pourquoi, nous nous interrogeons sur
nos pratiques, une fois par mois, entre pairs, en présence d’une psychologue
extérieure à l’équipe.
- Mais, le contenant c’est aussi les
objectifs des pouvoirs publics vis-à-vis des « Affections Longue
Durée ». C’est le choix de rétribuer la rééducation motrice de l’hémiplégique
moins cher que la rééducation motrice de deux membres d’un jeune sportif. Est-ce
que les pouvoirs publics ne vont pas prendre l’auto-rééducation comme argument ?
Que fera-t-on des patients chroniques qui ne rentreront pas dans un processus
d’autonomisation dans leur prise en soin ? Est-ce qu’on va continuer à s’occuper
des plus handicapés sans rien attendre ? (Etymologie de thérapie : prendre
soin de).
Actuellement,
le kinésithérapeute reste relativement libre dans l’exercice de son art et le choix
de ses techniques. Il adopte tour à tour plusieurs postures : rééducateur, psychologue
pour l’écoute, thérapeute manuel pour soigner, coach, entraîneur, pédagogue, éducateur
à la santé, Mac Gyver pour aménager l’espace ou réparer provisoirement un fauteuil
roulant et même animateur pour détendre l’ambiance…parce que la chronicité
c’est long !
[1]
Autret
A. Les effets placebo: des relations entre croyances et médecines. Editions
L'Harmattan; 2013.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire