mardi 2 avril 2019

IV. CONCLUSION


IV. Conclusion

 il nous semble important de nous pencher aussi sur les « contenants » : 
-     L’espace et la façon dont nous pratiquons l’«aménagement matériel du milieu» pour favoriser un apprentissage.
-     La durée consacrée à la séance, (individuelle ou de groupe).
-     Les théories de l’apprentissage : loin d’adhérer exclusivement à une école de pensée, nous faisons autant référence au béhaviorisme qu’aux constructivismes en fonction de la situation du patient. Les voies de l’apprentissage sont impénétrables et nous essayons de nous adapter à ce qui « marche » avec ce patient. (Ce n’est pas toujours évident)
-     Le contenant c’est aussi l’accueil du patient, son écoute, son recueil de capacités, (beaucoup plus long que le bilan des déficiences et incapacités mis en évidence par les échelles. Ce qu’Alain Autret appelle « les facteurs psychologiques non spécifiques »[1].
-     C’est aussi les objectifs du patient et ceux du kiné (qui peuvent parfois diverger).
-     C’est la fiabilité intra-opérateur des bilans critériés que le praticien met en place pour suivre au plus près l’évolution et la rapporter fidèlement au patient parfois anosognosique
-     C’est la familiarité qui s’installe au fil des années que le patient cherche à prolonger par des relations plus personnelles. C’est pourquoi, nous répondons aux invitations que les patients nous lancent parfois, par l’organisation annuelle d’un repas au restaurant auquel s’inscrivent ceux qui le veulent.
-     Mais c’est aussi les conflits qui peuvent naitre parfois du fait de cette longueur relationnelle ou des situations difficiles avec les patients qui s’aggravent. C’est pourquoi, nous nous interrogeons sur nos pratiques, une fois par mois, entre pairs, en présence d’une psychologue extérieure à l’équipe.
-     Mais, le contenant c’est aussi les objectifs des pouvoirs publics vis-à-vis des « Affections Longue Durée ». C’est le choix de rétribuer la rééducation motrice de l’hémiplégique moins cher que la rééducation motrice de deux membres d’un jeune sportif. Est-ce que les pouvoirs publics ne vont pas prendre l’auto-rééducation comme argument ? Que fera-t-on des patients chroniques qui ne rentreront pas dans un processus d’autonomisation dans leur prise en soin ? Est-ce qu’on va continuer à s’occuper des plus handicapés sans rien attendre ? (Etymologie de thérapie : prendre soin de).
Actuellement, le kinésithérapeute reste relativement libre dans l’exercice de son art et le choix de ses techniques. Il adopte tour à tour plusieurs postures : rééducateur, psychologue pour l’écoute, thérapeute manuel pour soigner, coach, entraîneur, pédagogue, éducateur à la santé, Mac Gyver pour aménager l’espace ou réparer provisoirement un fauteuil roulant et même animateur pour détendre l’ambiance…parce que la chronicité c’est long !




[1] Autret A. Les effets placebo: des relations entre croyances et médecines. Editions L'Harmattan; 2013.

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Qui êtes-vous ?

Francis Laurent Kinésithérapeute à Bordeaux Enseignant en neurokinésithérapie dans les écoles de Bordeaux, Bègles, Dax, Poitiers et DU Paris Est Créteil. Formateur pour Mulhouse Alister et Bordeaux FCS http://www.alister.org/formations/reeducation_kinesitherapie_hemiplegie_chronique Bordeaux http://www.fcsante.org/programmes/hemiplegies.pdf