dimanche 7 avril 2019

III.3.4. La chute et le redressement

 La peur neurologique

La peur neurologique
Nombre de patients au moment de marcher ou simplement quand on leur demande de tenir en équilibre dans certaines positions,  éprouvent une forte appréhension. 
"J'ai peur!" Ils se reprochent parfois leur manque de courage. Cette peur n'a rien à voir avec un manque de courage. Ce n'est pas une peur psychologique. C'est une peur neurologique. C'est une analyse rationnelle que communique le cerveau. "Votre corps n'est pas équipé pour vous amener au sol en douceur depuis cette position". Il faut donc acquérir les quatres descentes, avant, arrière, droite et gauche et alors vous serez équipé en système de sécurité et vous aurez moins peur.
C'est comme si vous n'aviez plus de freins à votre voiture et que vous ayez nécessité de rouler quand même. Vous rouleriez à 5 km/h la trouille au ventre.

III.3.4.  La chute : deux temps, quatre mouvements.


L’apprentissage de la chute au sol est un simulacre. Aucun kinésithérapeute au monde ne prendra le risque de pousser réellement le patient pour provoquer une vraie chute. Par ailleurs, la chute par poussée extrinsèque est rare. La plupart des chutes proviennent d’un déséquilibre intrinsèque (regard qui perd la cible ou buttée au sol ou sol qui se dérobe).
Le kinésithérapeute peut tenter d’apprendre au patient chacun des temps de la chute. L’auto-organisation les recollera ou pas.

Il y a deux temps dans la chute et quatre mouvements.
Le premier temps c’est le refus de la chute et la conservation de l’équilibre :


1)    Déplacer le centre de gravité sans modifier le polygone
2)    Modifier  le polygone. Si  échec de la réaction 1, modifier  le polygone on part dans une course qui vise à remettre le polygone de sustentation sous le centre de gravité.
 Si la course après le centre de gravité, ne parvient pas à rattraper l’équilibre, on accepte la chute et on aménage l’atterrissage



Deuxième temps, acceptation de la chute et l’atterrissage:
3)    Plier les genoux pour rapprocher le centre de gravité des pieds et ainsi diminuer le moment de rotation de la chute et donc la vitesse à laquelle la tête heurtera le sol. Le kinésithérapeute vérifie donc si la personne accepte d’aller volontairement au sol en avant sur ses deux genoux, en arrière en s’accroupissant, à droite et à gauche en posant le genou au sol en chevalier servant droit et gauche.
4)    Protection des mains. La personne pose alors les mains au sol puis les avant-bras et enfin le tronc pour amortir la chute. Si la tête heurte le sol, ce ne sera qu’au terme d’une descente progressive des étages genoux ou arrière train, mains, coudes, haut du tronc tête.
Il est important d’expliquer au patient pourquoi il est nécessaire de tenir en équilibre à genou, à chevalier servant ou accroupi, puisque c’est le train d’atterrissage (même si ça fait mal aux genoux). Il faut réactiver périodiquement ces positons pour que le cerveau passe de nouveau par elles lorsque le corps chute.


Le roulé boulé. Lors de la course rapide autour de 20 km/heure (5,5 m/s ou 18 secondes au 100 mètres, ce qui ne concerne pas nos patients). Ce mécanisme de protection à la chute risque de provoquer des lésions aux membres supérieurs et au crâne et c’est  un mécanisme inverse qui devra être appris. Dans la réaction à la chute de marche ou petite course c’est la tête qui « atterrit » en dernier » alors que dans le roulé boulé, c’est la tête qui part d’abord et atterrit en premier protégée par le bras enroulé qui n’est plus là pour freiner le mouvement mais l’absorber dans une roulade.

III.3.5.  Descentes et relever du sol.

(Répertoire postural) On a vu plus haut les quatre mouvements de la chute.
Si le kinésithérapeute ne peut prendre le risque de pousser un patient pour voir, il peut en revanche lui demander de descendre volontairement au sol en avant, en arrière à droite et à gauche. Si le patient n’y arrive pas en attention focalisée, il est peu probable qu’il saura le faire en automatique.


La descente et  relever du sol avec prise élevée : la clef du sol à l’intérieur. On commence donc par apprendre la descente au sol face à l’espalier, poser un genou sur une cale de 20 cm (AMM) et se relever aussitôt en profitant du reflet de la descente. Puis on recommence à 10 cm etc. Puis on continue sans l’aide de l’espalier.




La descente et  relever du sol sans prise élevée : la clef du sol à l’extérieur « pseudo chevalier servant ou position départ sprint »



 La position clef est le chevalier servant main au sol. Si le patient décolle la main avant le genou, il ne pourra se relever. Il faut retourner les orteils, pousser sur le pied arrière pour décoller le genou et relever le bassin le plus haut possible, le placer entre les pieds et alors relever le tronc. La descente au sol est la manœuvre inverse : reculer le pied valide, poser le genou valide, la main valide et la fesse.
AMM descente et remontée. Si le patient n’y arrive pas il faudra aménager le milieu en mettant la main et le genou d’appui sur une cale de plus en plus basse.

Les ataxiques et extrapyramidaux peuvent poser les deux mains au sol. Le poids du corps est alors réparti sur quatre appuis. Ils rapprochent les pieds des mains ou rapprochent les mains des pieds pour élever le bassin.

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Qui êtes-vous ?

Francis Laurent Kinésithérapeute à Bordeaux Enseignant en neurokinésithérapie dans les écoles de Bordeaux, Bègles, Dax, Poitiers et DU Paris Est Créteil. Formateur pour Mulhouse Alister et Bordeaux FCS http://www.alister.org/formations/reeducation_kinesitherapie_hemiplegie_chronique Bordeaux http://www.fcsante.org/programmes/hemiplegies.pdf