mercredi 3 avril 2019

III.4.3 La Marche: Apprentissage Global par Auto-organisation

« Par auto-organisation (ch.II.3.11), on entend que modèle et ordre émergent des interactions des composants d'un système complexe sans instructions explicites, soit dans l'organisme lui-même, soit dans l'environnement.»(Thelen, Smith 1996). [1] 
« Le système de mouvement auto-organisé intrinsèque à l'enfant interagit également avec la tâche et le contexte de l'action qui conduit la réaction motrice. Le comportement de marche n'émergera pas sauf si le nourrisson perçoit l'objectif de l'action, comme le déplacement vers un parent ou un jouet préféré (Effgen 2012). [2] » Nous appelons auto-organisation de la marche un apprentissage procédural global implicite avec attention externe.
Pourquoi ne pas dire simplement que nous laissons le patient compenser ? Parce que compenser fait référence à un manque provoqué par l’altération de structure. On veut valoriser le moyen utilisé par le patient. Auto-organiser, c’est créer à partir de l’existant. C’est une action résolument positive qui évoque le moyen de s’adapter en créant du neuf et en ce sens le système est perfectible. On peut dire que la personne compense ses déficiences par l’auto-organisation de ses capacités motrices.
Nous avons dit plus haut que l’entrainement des fibres musculaires innervées avait un effet limité. En revanche par l’intensité et la quantité des exercices, le patient auto-organise de nouveaux circuits qu’il n’aurait pas inventé s’il était resté dans la lenteur de la correction interne.
C’est le patient qui s’empare de la marche et non le kiné qui la lui apprend. C’est un risque pris par le patient que lui seul peut mesurer. Nous ne corrigeons jamais une "boiterie cérébrale ou médullaire", Nous ne demandons pas au patient de corriger tel ou tel segment du corps. Ce n'est pas un "défaut de marche", c'est une déficience. Nous pouvons y pallier par une orthèse, mais pas par des conseils.
On lui demande de fixer le sol à 3,4 ou 10 mètres devant lui afin que son corps s’arrime à cette cible mouvante comme un trolley bus à sa perche. Berthoz précise : « aller où l’on regarde et non regarder où l’on va »[3]. En même temps il pourra répondre à des stimulations de l’environnement (creux, bosses, piéton arrêté) mais on cherche à développer sa capacité à explorer activement l’espace en lui demandant d’aller où il regarde.
On lui demande également d’aller le plus vite possible sans se mettre en danger. Comme le rappelle plus haut Suzan Effgen : « Le comportement de marche n'émergera pas sauf si le nourrisson perçoit l'objectif de l'action » La recherche de vitesse auto-organise sa motricité dans une recherche de meilleur rendement. Au fur et à mesure que le marcheur lent (< 3 km/h) améliore sa vitesse, il améliore aussi son périmètre. Autrement dit, plus il va vite, plus il va loin. C’est l’inverse d’un marcheur standard qui, s’il veut aller loin ralentit son allure. Ce qui est un argument pour défendre l’idée que c’est la recherche de vitesse qui améliore le rendement (donc « la qualité de marche »)du marcheur lent.[4]
A douze mois, un bébé marcheur débutant fait plus de 1400 pas à l’heure et couvre 297 mètres quand les bébés du même âge n’ont couvert que 100 mètres à quatre pattes.[5]
Nous encourageons le patient à marcher le plus possible. L’amélioration se fera d'elle-même par la répétition.  A 13 mois, lorsque l'enfant découvre la marche, son polygone est large, il n'attaque pas du talon ! Tout va se mettre progressivement en place pour aller de plus en plus vite, de plus en plus loin. C’est la quantité de pas qui améliore la qualité et non l’inverse comme on le disait autrefois « Appliquez-vous à marcher, il vaut mieux en faire peu mais bien » ! Avec un tel postulat, tous les bébés resteraient ataxiques.
-               Le kinésithérapeute "soigneur du mouvement ne peut pas corriger le mouvement du patient. Le mouvement va trop vite pour que le kinésithérapeute l'analyse justement :
-          La motricité volontaire du patient ne mobilise pas assez de neurones pour être efficace. Le patient se concentre sur un segment et c'est dix autres segments qui lui échappent alors. Ce n'est pas la répétition d'un mouvement appliqué lent et sans rythme qui permet son automatisation.
« La motricité volontaire est une illusion. Le patient a conscience de son mouvement qui a été déclenché automatiquement 1/3 seconde avant. (Haggard 2002) »
[6]. Et Atlan complète : »la conscience qu’on a du mouvement est interprété comme sa cause »[7]
Récemment a été précisé le fonctionnement du mouvement volontaire : «l’'initiation d'un mouvement volontaire est déclenchée par une activité cérébrale inconsciente et la conscience qu'on en a ensuite est interprétée comme sa cause». « Quand les sujets sont interrogés sur le moment de leur décision, ils le perçoivent comme une sorte d'antidatation, avant l'initiation de l'action" (Atlan, 2011). L' "auto-organisation" est un concept qui permet de dégager la conscience du contrôle des modalités du geste pour la concentrer sur l’effort et la sécurité de la trajectoire. Chacun d'entre nous a mis en place la locomotion vers treize mois, un an avant le langage et la représentation du corps et de l'action. «Le mouvement est volontaire dans son but et non dans les moyens mis en œuvre pour y parvenir» (Bouisset, 2006)[8]. Pourtant l’attention sélective reste le moyen d’action N°1 des «kinésithérapeutes neuro».
Demander aux patientes et patients de marcher à l’extérieur sans corriger la façon dont ils marchent heurte leur représentation de la rééducation. Ils avaient spontanément une conception restauratrice par la correction du déficit. Nous allons exposer ci-dessous quelles concessions peut-on faire et comment faire pour les convertir peu à peu à la démarche « auto-organisatrice ».

Entre les deux conceptions de correction de la marche par attention interne et auto-organisation de la marche se situe la correction par attelles.
Obstacle au port de l’attelle : souvent, le patient refuse l’attelle car il nous dit que s’il la prend, il ne pourra plus s’en passer. On défend l’idée contraire : l’orthèse apporte un moule référentiel qui habitue le pied à une position correcte. Puis, lorsque vitesse et périmètre seront redevenus standards (douze minutes au kilomètre = 5 km/h) il pourra l’abandonner. Plusieurs de nos patients se passent du port de l’attelle après un certain temps. Mais nous leur recommandons de refaire de temps en temps une cure d’attelle pour réaxer le pied qui sinon « retrouve ses compensations naturelles » et risque peu à peu de se déformer voire de se blesser lors d’une entorse.
-             élastique de type Boxia en attendant de faire faire une orthèse dynamique moulée de type Chignon. Le port de l’orthèse effectue une correction du pied à chaque pas, sans que le patient ait à y penser. L’orthèse prévient le risque d’entorse et permet l’augmentation rapide du périmètre et la multiplication des pas qui est d’après nous le principal facteur d’amélioration de la marche.
-            Correction du recurvatum par orthèse : il nous parait vain de corriger un recurvatum par l’attention. Et surtout, il nous semble qu’annoncer à l’avance des douleurs de coques condyliennes (qui peut être n’auront jamais lieu) relève plus de l’effet nocebo que de la prévention. Pour les marcheurs débutants, nous préconisons une attelle cruro-jambière post-op. Pour les marcheurs confirmés qui reviennent avec des douleurs de coques nous les orientons vers un MPR pour une prescription d’attelle dynamique cruro-pédieuse qui va corriger le genou du patient à chaque pas. Lorsque la douleur disparait, la personne enlève l’attelle et recommence à marcher sans, jusqu’à ce qu’elle sente que sa douleur revient et elle remet l’attelle pour conserver son périmètre et replacer son genou. Nous pensons que l’attelle constitue un replacement proprioceptif des segments qui persiste quelques temps en l’absence de l’attelle.

III.  4.5 Marche ou déplacement  fonctionnel et Marche « Performante »

Marche fonctionnelle. Dans un premier temps nous mesurons le périmètre fonctionnel et la vitesse effectuée (Quel que soit le mode employé, fauteuil ou debout avec canne ou rollator ou sans aide). Nous le notons en sa présence sur sa fiche de performance.

Marche « performante » (record).

Dans un deuxième temps nous allons choisir une ou deux marches performantes. (Attention : faux ami ! Le mot anglais performance « est un schéma qui, en tant que code qualificatif, décrit ce que les individus font dans leur environnement habituel » (CIH 2010). Nous pensons que les patients ne viennent pas au cabinet pour refaire ce qu’ils font tout seuls chez eux. Nous les préparons à améliorer le mode de déplacement en anticipant sur le déplacement plus performant, dans le sens français du terme, c’est-à-dire un déplacement record qu’ils n’ont pas l’habitude de faire. Nous leur demandons d’établir une sorte de record personnel. Soit dans un but d’amélioration, soit dans un but prophylactique si l’étape suivante semble inaccessible.

Pour les personnes en fauteuil : marche dans les parallèles si c’est possible
Pour les personnes avec 2 cannes marches avant arrière et latérales (en espace protégé)
Pour les personnes avec 1 canne : marches avant, arrière et latérales sans canne
Pour les personnes sans canne : marches arrière et latérales et croisées sans canne et découverte de la course au tapis roulant et sur terrain plat.
Les exercices de périmètres sont faits à l’intérieur jusqu’à 100 mètres, puis à partir de 100 mètres, nous emmenons les patients dehors pour étirer le périmètre jusqu’à 1 km ou pendant 30’ pour ceux qui marchent à moins de 2 km/h.
Marches performantes120 m extérieur  au harnais tenu pour favoriser l’amélioration de la vitesse sans peur de la chute, on place d’abord le harnais aux épaules et l’on tient entre les omoplates. Puis on descend le harnais à la taille ne laissant qu’une ceinture qui libère ainsi le tronc de l’appui sur le kiné.



AMM ( Aménagement Matériel du Milieu) : Couloir de 1 mètre avec harnais suspendu tentatives de faire quelques pas de bipèdes : sans les mains afin de favoriser les synergies qui unissent le tronc aux cuisses par le bassin ;
Analyse des différentes marches :  les « boiteries » sont en fait des compensations ou plutôt le produit d’une auto-organisation que le patient a créé à son insu. Elles entrainent deux attitudes thérapeutiques possibles.

III.4.6 La course

            Lors de marches à l’extérieur, j’ai surpris plusieurs fois des patients hémiplégiques sauter à cloche pied valide pour rattraper leur équilibre après un faux pas.  Ne pouvant se lancer dans une course à la recherche de leur équilibre, ils le récupèrent en sautant à cloche pied. Nous avons alors introduit des séquences d’apprentissage des cloche-pieds droit et gauche à l’espalier, trempoline (Ateliers 10 et 19. Annexe)
Mais l’acquisition des cloche-pieds n’est pas suffisante pour accélérer la phase oscillante nécessaire pour modifier rapidement un polygone. La recherche de la course est donc devenue un moyen d’améliorer la phase oscillante, pouvant ainsi être un facteur de sécurisation de la marche fonctionnelle.
Les chutes sont occasionnées par une rupture de regard sur la trajectoire ou par l’accrochage du pas oscillant (pour les pyramidaux).  Nous demandons au patient de focaliser son attention sur la trajectoire et nous cherchons à accélérer la phase oscillante afin que la protection inférieure arrive à temps pour remettre le centre de gravité sur le polygone.
Ce n’est pas parce que le patient sait reproduire ces quatre mouvements qu’il saura les déployer dans la chute. Mais on est sûr que s’il ne peut pas les faire en contrôle volontaire, il est peu probable qu’il les déclenchera en automatismes.
Certains patients se sont mis spontanément à courir[9].
Certains marcheurs rapides parvenus aux alentours de 9 minutes au km (6,5 km/h) se lançaient dans des galops d’essai. En 1999, j’ai donc créé une épreuve de 20 mètres sprint que j’ai très vite arrêté car sur ce sprint très court, les patients se mettaient en danger de chute.  J’ai donc privilégié l’accélération progressive de la vitesse de marche au km qui me semble un objectif fonctionnel cohérent. Car si la course motive certains patients, le kinésithérapeute doit, je crois, donner des arguments fonctionnels. La course est intéressante parce qu’elle améliore la vitesse de la phase oscillante, donc la protection à la chute en cas de faux-pas. De plus au niveau prophylactique on peut penser qu’elle retarde la sarcopénie des fibres rapides.
Deux patients hémiplégiques massifs (pieds à 0) sont descendus en dessous de 9 minutes au km soit 7 km/h sans courir puis l’un est descendu à moins de 8 minutes (7,7 km/h) toujours sans courir. Puis à force de vouloir accélérer, il a découvert la course sur quelques mètres. Et insensiblement sa distance de course s’est allongée. Il me parait plus prudent de procéder ainsi, car c’est le patient qui s’autorise à rallonger sa course, plutôt que de les mettre au départ d’un 20 mètres ou d’un 25 mètre comme l’ont fait Miller and all. Cités plus haut. Peu à peu il a intercalé des séquences de course dans son kilomètre. Son temps moyen est maintenant de 7 minutes soit 8,5 km/h en intercalant des sessions de 80 à 100 mètres à 16 km/h. Parallèlement à sa recherche de course sur mille mètres, on essayait d’améliorer sa vitesse de pas oscillant sur le tapis roulant.

L’outil Tapis Roulant pour accélérer la phase oscillante

On ne marche pas sur un tapis roulant on avance les pieds. Le pied d’appui ne propulse pas le bassin en avant, il recule tout seul. Le membre arrière a un temps limité pour revenir devant. C’est donc l’instrument idéal pour accélérer la phase oscillante.
J’ai constaté que les patients qui marchent à moins de 4 km/h sur le sol peuvent doubler leur vitesse de marche au tapis roulant.  Je me sers donc de cette « règle » comme effet pygmalion pour leur faire accepter que j’accélère le tapis au-delà de ce qu’ils croient possible.
Pour les patients qui marchent à plus de 4 km/h de moyenne au kilomètre, j’ai protocolisé une recherche de course au tapis. Je place les patients à califourchon sur un filet de transferts suspendu. Je lance le tapis à leur vitesse de marche au sol soit 4 km/h. On attends 20 secondes pour que le tapis soit à pleine puissance, puis j’accélère progressivement jusqu’au « décollage »autour de 7,5 km/h. Ça leur fait peur, on va un peu au-delà de ce qu’ils auraient souhaité, (mais il y a le filet qu’on leur a fait expérimenter avant : « asseyez-vous dedans ». Ensuite on fait des séries de 20, 30 ou 50 pas gauche (40, 60 ou 100 pas en tout, suivant leur entrainement à l’épreuve de puissance cardiaque). On commence à compter les pas au bout de 20 secondes, voire 25 secondes si la vitesse est à 13. (C’est tapis dépendant, il faut laisser au tapis le temps d’arriver à sa pleine vitesse). Avec cette technique, on arrive à accélérer leurs phases oscillantes et à redécouvrir la course au tapis. Course qu’ils tentent ensuite d’incorporer à leur marche au km.

La course pour sécuriser la marche.

On court à partir de 7,5 km/heure. On explique aux patients qu’il est risqué de se mettre à courir si l’on est encore à 5 ou 6 km/h. Pour des raisons de sécurité, on n’encourage pas les patients à faire des sprints de 20 mètres tant qu’ils ont des vitesses moyennes inférieures à 6,5 km heures (9’ 20’’) au km. A partir de 6,5 km/h de moyenne au km, on les autorise à faire des sprints de 20 mètres tous les 100 mètres. Et peu à peu cette distance va se rallonger jusqu’à 1000 mètres pour certains.
Parallèlement à la course pour sécuriser la marche, nous cherchons à développer les cloche-pieds : Phase d’initiation
-       En les faisant sauter sur trempoline en se tenant à l’espalier et en tirant sur les bras
-       Puis le même exercice sur le sol. S’il n’y arrive pas, on lui demande de travailler le saut réception sur le pied déficitaire : Chercher à s’élever en sautant à deux pieds joints tenu à l’espalier. Tant que le patient est en l’air il prolonge la flexion de la cuisse valide afin de retomber sur le pied déficitaire.
-       Puis il tente de se propulser par le pied déficitaire
-       Puis on supprime l’espalier
Perfectionnement :
Dès qu’il fait un saut à cloche pied, on lui promet qu’il en fera deux. Pour cela, avant de sauter, il faut simuler le saut en comptant à haute voix à la façon des enfants qui jouent à un, deux, trois soleil ! On élève la note sur l’avant dernier.
Pour obtenir 2 sauts on dit : 1 ? 2 !
Pour trois sauts :1,2 ? 3 !
Pour quatre : 1, 2, 3 ? 4 !
Etc…

Conclusion de la rééducation à la marche

Tout comme dans la partie rééducation segmentaire, le kinésithérapeute redevient littéralement celui qui soigne par le mouvement bien que ce terme recèle un quiproquo. Le patient croit que la kinésithérapie fait « récupérer » les circuits neuronaux. Le kinésithérapeute croit qu’il ne peut que proposer des situations intenses pour que le patient’ active des neurones vicariants et fabrique de nouvelles synapses. Si la rééducation apporte une « amélioration », même s’il a « récupéré » la fonction, la rééducation ne lui a pas fait « récupérer » la marche qui était la sienne.  Le kinésithérapeute   développe des stratégies de coping pour que le patient s’empare du concept d’auto-organisation pour faire avec ce qu’il a et crée une marche qui pour être différente de celle qu’il avait avant n’en sera pas moins fonctionnelle.

Répertoire Locomoteur Mécanique (CIH d465 et d475)

Tout une gamme d’engins élargissent le répertoire locomoteur de l’enfant et de l’adulte valide: auto-porteurs, draisienne, trottinette à 3 roues, tricycle,  trottinette, skate, vélo, skis, parapente etc... Certains sont adaptables aux adultes déficitaires : tricycles à mains à pieds, fauteuil roulant à main, à pied, double main courante, électrique, flèche, rollator 2 roues, 4 roues, déambulateur, canne anglaise, canne canadienne, canne simple, canne Moïse.

Retour ou initiation à la natation (CIH d4454). Auto-organisation après les déficiences 

Le retour à la natation pour les pyramidaux, les ataxiques et les extrapyramidaux est compliqué si l’on veut retrouver la natation qu’ils utilisaient avant. Pour tous ceux qui ont une motricité sur les membres inférieurs, nous utilisons les palmes et la position sur le dos pour débuter.

Les quadrupèdes savent nager dès qu’ils savent marcher. Il leur suffit de courir de trotter dans l’eau et d’étirer leur cou pour sortir la tête de l’eau. Les grands primates qui se déplacent en brachiation ou en bipédie comme nous, reproduisent dans l’eau la motricité qu’ils connaissent : à la verticale. Après quelques secondes passées en surface à se débattre, ils coulent d’épuisement. Il faut donc essayer d’utiliser les synergies bras-jambes utilisée dans la marche. C’est ce qu’a ingénieusement découvert Vivensang[10] à Bordeaux dans les années 70. Il plaçait ses élèves sur le dos (ce qui libère les voies respiratoires) et leur demandait de battre des pieds et des membres thoraciques le long du corps. (Mouvements de la marche couché sur le dos). Afin d’accélérer l’acquisition de la propulsion, je mets une paire de palmes aux patients et je les laisse battre comme ils le sentent. (Souvent un pédalage). Lorsqu’il parvient à faire plusieurs deux cents mètres, parfois dès la première séance, nous passons sur le ventre en apnée, puis on éduque la sortie d’un bras, puis de l’autre, puis la rotation de tête, puis la respiration. Jusqu’à ce que la personne parvienne à passer du dos sur le ventre et retour. Quand la personne arrive à faire plusieurs centaines de mètres on lui apprend à sauter dans l’eau.
En 1993, nous avons créé Trid’Union, une association qui deux fois par an organise le « triathlon copain-clopant », épreuve individuelle de nage, pédalage, marche pour favoriser le retour à l’activité physique des plus handicapés.
Nager pédaler, marcher ou courir avec ses déficiences.














[1] Thelen, E., & Smith, L. B. (1996). A dynamic systems approach to the development of cognition and action. MIT press.
[2] Effgen, S. K. (2012). Meeting the physical therapy needs of children. FA Davis.
[3] Berthoz, A. (1997). Sens du mouvement (Le). Odile Jacob..
[4] Laurent, F. (2013). Hémiplégies séquellaires: rééducation à la marche ou entraînement à la marche?. Kinesitherapie, la revue134(13), 52-53.
[5] Adolph, K. E., Cole, W. G., Komati, M., Garciaguirre, J. S., Badaly, D., Lingeman, J. M., ... & Sotsky, R. B. (2012). How do you learn to walk? Thousands of steps and dozens of falls per day. Psychological science23(11), 1387-1394.
[6] Haggard, P., Clark, S., & Kalogeras, J. (2002). Voluntary action
and conscious awareness. Nature neuroscience5(4), 382-385.

[7] Atlan « le vivant post génomique. Qu’est ce que l’Auto Organisation ? –Odile Jacob –p 243 « 
[8] Bouisset S. Capacité posturo-cinétique, stabilisation posturale et performance motrice. De Marey à nos jours: un siècle de recherches sur la posture et le mouvement. Collection «Posture et Equilibre». Marseille: Solal. 2006:37-62.
[9] Miller, E. W., Combs, S. A., Fish, C., Bense, B., Owens, A., & Burch, A. (2008). Running training after stroke: a single-subject report. Physical therapy88(4), 511-522.
[10] Vivensang, J. (1978). Pedagogie moderne de la natation : 3e ed entierement rev, corr, augm et enrichie d'experiences nouvelles. Pref de ML zins (et al). J Vivensang.


CIF
MARCHER ET SE DÉPLACER (d450-d469)MARCHER ET SE DÉPLACER (d450-d469)

d450 Marcher
avancer à pied, pas à pas, de manière qu'au moins un des pieds soit toujours au sol,
comme se promener, déambuler, marcher en avant, marcher en arrière ou sur le côté
Inclusions: marcher sur des distances courtes ou longues; marcher sur différentes
surfaces; contourner des obstacles
Exclusions: se déplacer (d430); se déplacer (d455)
d4500 Marcher sur de courtes distances
avancer à pied, sur une distance de moins d'un kilomètre, comme marcher dans sa
chambre ou dans le couloir, dans un bâtiment ou sur de courtes distances à
l'extérieur
d4501 Marcher sur de longues distances
avancer à pied, sur une distance de plus d'un kilomètre, comme marcher d'un bout
à l'autre du village ou de la ville, d'un village à l'autre ou dans la campagne
d4502 Marcher sur différentes surfaces
marcher sur des surfaces en pente, inégales ou en mouvement, comme marcher
sur l'herbe, le gravier ou la glace et la neige, ou marcher dans un train, sur un
bateau en marche ou sur un autre moyen de transport
d4503 Contourner des obstacles
marcher de la façon nécessaire pour contourner les objets, les personnes, les
animaux et les véhicules en mouvement ou immobiles, comme marcher sur la
place du marché ou dans un magasin, se déplacer dans le trafic ou d'autres lieux
encombrés
d4508 Autres activités précisées relatives au fait de marcher
d4509 Activités non précisées relatives au fait de marcher
d455 Se déplacer
déplacer tout le corps d'un endroit à l'autre, par d'autres moyens que la marche, comme
grimper sur un rocher, descendre la rue en courant, sautiller, gambader, sauter ou courir
autour des obstacles
Inclusions: ramper, grimper, courir, jogger, sauter, nager
Exclusions: se déplacer (d420); marcher (d450)
d4550 Ramper
déplacer tout le corps face contre terre d'un endroit à un autre sur les mains, ou les
mains et les bras, et les genoux
d4551 Grimper
déplacer tout le corps vers le haut ou vers le bas, par-dessus des surfaces ou des
objets, comme gravir des marches, des rochers, des échelles ou des escaliers
d4552 Courir
se mouvoir d'un pas rapide, de telle manière que les deux pieds peuvent être en
l'air en même temps
d4553 Sauter
quitter le sol en pliant puis en étendant les jambes, comme sauter sur un pied,
sauter à cloche-pied, sautiller et sauter ou plonger dans l'eau
d4554 Nager
faire avancer le corps dans l'eau au moyen de mouvements des membres, sans
prendre appui sur le sol
d4558 Autres activités précisées relatives au fait de se déplacer
d4559 Activités non précisées relatives au fait de se déplacer
d460 Se déplacer dans différents lieux
marcher et se déplacer entre divers lieux et dans diverses situations, comme aller d'une
pièce à l'autre dans la maison, dans un immeuble, ou dans la rue
Inclusions: se déplacer dans la maison, ramper ou grimper dans la maison; marcher ou
se déplacer dans un immeuble autre que la maison, se déplacer hors de la maison et
d'autres bâtiments
d4600 Se déplacer dans la maison
marcher et se déplacer dans la maison, dans une pièce, d'une pièce à l'autre, et
dans l'ensemble du lieu de résidence ou de vie
Inclusions: se déplacer d'un étage à l'autre, sur le balcon, dans la cour, le porche
ou le jardin
d4601 Se déplacer dans des bâtiments autres que la maison
marcher ou se déplacer dans des bâtiments autres que la maison, comme se
déplacer dans la maison d'autres personnes, dans des bâtiments privés, dans des
bâtiments communautaires et dans des bâtiments privés et publics, ou autres
enceintes
Inclusions: se déplacer dans toutes les parties accessibles de bâtiments et
d'enceintes fermées, d'un étage à l'autre, à l'intérieur, l'extérieur ou autour des
bâtiments, qu'ils soient publics ou privés.
d4602 Se déplacer en dehors de la maison et d'autres bâtiments
marcher et se déplacer aux abords et à une certaine distance de la maison et
d'autres bâtiments, sans utiliser de moyens de transport public ou privés, comme
marcher sur une bonne distance dans le village ou en ville
Inclusions: se déplacer dans les rues du voisinage, de la ville ou du village; se
déplacer sur de plus grandes distances, sans utiliser de moyens de transport
d4608 Autres activités précisées relatives au fait de se déplacer en d'autres lieux
divers
d4609 Activités non précisées relatives au fait de se déplacer en d'autres lieux divers
d465 Se déplacer en utilisant des équipements spéciaux
déplacer le d'un endroit à l'autre, sur toute surface et dans toutes sortes d'espaces,
en utilisant des appareils particuliers conçus pour faciliter le déplacement ou pour donner
des moyens de déplacement nouveaux, comme les planches à roulettes, les skis, un
équipement de plongée, ou descendre la rue en fauteuil roulant ou avec un déambulateur
Exclusions: se transférer (d430), marcher (d450); se déplacer (d455); utiliser des
moyens de transport (d470); conduire un véhicule (d475)
CIH-2 Projet final Version complète
Page 116

d469 Autres activités précisées et non précisées relatives au fait de marcher et se déplacer

CIF
SE DÉPLACER AVEC UN MOYEN DE TRANSPORT (d470-d479)
d470 Utiliser un moyen de transport
utiliser un moyen de transport en tant que passager, être conduit en voiture ou en bus, en
pousse-pousse, à dos d'animal ou en véhicule à traction animale, en taxi privé ou public,
en bus, en train, en tram, en avion, en métro, en bateau
Inclusions: utiliser un moyen de transport à énergie humaine; utiliser un moyen de
transport motorisé, privé ou public
Exclusions: se déplacer en utilisant des équipements spéciaux (d460); conduire un
véhicule (d475)
d4700 Utiliser un moyen de transport à énergie humaine
être transporté en tant que passager par un moyen de transport mû par une ou
plusieurs personnes, comme dans un pousse-pousse ou une chaloupe à rames
d4701 Utiliser un moyen de transport motorisé privé
être transporté en tant que passager dans un véhicule motorisé privé, sur terre, sur
l'eau ou dans les airs, comme un taxi, un avion ou un bateau privé
d4702 Utiliser les transports en commun
être transporté en tant que passager dans un véhicule motorisé conçu pour le
transport en commun, sur terre, sur l'eau ou dans les airs, comme être passager
d'un bus, d'un train, d'un métro ou d'un avion
d4708 Autre activité précisée relative à l'utilisation d'un moyen de transport
d4709 Activités non précisées relatives à l'utilisation d'un moyen de transport
d475 Conduire un véhicule
conduire un moyen de transport de quelque type que ce soit, comme conduire une
voiture, rouler en vélo ou piloter un bateau, ou monter un animal
Inclusions: conduire un moyen de transport à énergie humaine, un véhicule motorisé, un
véhicule à énergie animale, monter un animal
Exclusions: se déplacer en utilisant des équipements spéciaux (d460); utiliser un moyen
de transport (d470)
d4750 Conduire un moyen de transport à énergie humaine
conduire un véhicule à propulsion humaine, comme une bicyclette, un tricycle ou
une chaloupe à rames
d4751 Conduire des véhicules motorisés
conduire un véhicule avec un moteur, comme une automobile, une motocyclette,
une embarcation à moteur ou un avion
d4752 Conduire un moyen de transport à traction animale
conduire un véhicule à propulsion animale, comme une charrette ou une voiture
tirée par des chevaux
d4758 Autre activité précisée relative au fait de conduire un véhicule
d4759 Autres activités non précisées relatives au fait de conduire un véhicule
d479 Autres activités précisées et non précisées relatives au fait de se déplacer en utilisant
d498 Autre mouvement précisé

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Qui êtes-vous ?

Francis Laurent Kinésithérapeute à Bordeaux Enseignant en neurokinésithérapie dans les écoles de Bordeaux, Bègles, Dax, Poitiers et DU Paris Est Créteil. Formateur pour Mulhouse Alister et Bordeaux FCS http://www.alister.org/formations/reeducation_kinesitherapie_hemiplegie_chronique Bordeaux http://www.fcsante.org/programmes/hemiplegies.pdf