III.5.1. Rééducation avec les SLA et les atteintes à
évolution rapide
Comme on l’a dit dans la classification de Sultana Mesure (I. 1.2) les maladies
neurologiques à évolution rapide nécessitent une thérapie préventive des complications.
L’évolution motrice de la maladie est tellement rapide que le patient n’a pas
le temps de s’adapter à chaque phase. A peine a-t-il fini par admettre la
nécessité du releveur de pied, qu’il faut déjà prendre une canne puis deux,
puis le fauteuil roulant. Le kinésithérapeute retrouve là l’étymologie du mot thérapie
« s’occuper d’eux ». Par sa
présence, son écoute, ses mobilisations et étirements, le kinésithérapeute
accompagne le ou la patiente dans cette perte progressive de contrôle de l’espace.
III.5.2. Rééducation avec les personnes atteintes par
la Sclérose en Plaques. (SEP)
Pendant les
poussées de SEP, on se retrouvera dans le même cas de figure que les atteintes
à évolution rapide. C’est un accompagnement palliatif.
A chaque régression
du moyen de locomotion, on aura recours au port de l’attelle de releveur, une
canne, deux cannes, fauteuil roulant, le patient marque une hésitation et
refuse tout d’abord l’aide mécanique en disant que s’il y souscrit, il ne pourra
plus s’en passer ensuite. Nous, on défend l’idée que la concession à la maladie
c’est de réduire son périmètre de déplacement. Si l’attelle ou l’aide permet de
conserver le périmètre, on n’a pas fait de concession. Pour l’orthèse, on
développe l’argument selon lequel si l’on réduit son périmètre de marche à
cause d’un pied déficitaire, alors c’est l’autre jambe non déficitaire qui va
s’aligner par le bas sur la déficience.
Entre les poussées, puis en phase secondairement progressive, il faudra
les traiter de la même façon que les chroniques stables.[1] Il faut
prioriser le réentrainement progressif à l’effort pour essayer de regagner ce
que la poussée a pris en sédentarisant momentanément le patient.[2]
On adoptera la même attitude avec les affections spino-cérébelleuses
évolutives.
Pour les SEP pyramidales, il faudra apprendre au patient à étirer particulièrement
les ischio-jambier, les adducteurs et son triceps sural. (Se mettre en charge unipodale
en flexion dorsale sur cale ou face à une table (ch.III.2.2)
III.5.3. Problématique dans le Parkinson film 15'
Les premiers signes qui révèlent la maladie (micrographie ou tremblements
ne sont pas gravement invalidants sur le plan moteur. Peu de gens écrivent maintenant
de longues lettres à la main. On écrit sur des post-it ou des chèques. Le tremblement
révèle la maladie à l’extérieur, mais il n’est pas invalidant au mouvement. Faut-il
dès lors se traiter pour masquer ces signes affectant l’esthétique de la motricité
sans l’empêcher ? Est-ce que le traitement par agonistes dopaminergiques
puis ensuite la dopamine retarde l’arrivée de l’invalidité ? Auquel cas il
faut se traiter le plus tôt possible. Ou est-ce que les traitements ont une
durée limitée, auquel cas il faut les débuter le plus tard possible, lorsque
arrive le signe le plus invalidant : le freezing qui, à terme mettra fin à
la marche.
Ce freezing, on peut en débusquer les prémices en mesurant la hauteur du
monter sur pointe des pieds, en faisant marcher le patient à reculons et en le
faisant sauter à cloche-pied.[3]
Pour les personnes autonomes nous les entrainons à accélérer la vitesse
de marche sur 1 km jusqu’à retrouver la course. Plusieurs personnes qui faisaient
au début 5 km/h au kilomètre ont progressivement accéléré jusqu’à 9 km/h. Une
personne, arrivée à 9 km/h est parvenue à 14 km/h en 4 ans : de 60 à 64 ans.
Nous les entraînons au sprint rapide sur 100 pas au tapis roulant. Nous essayons
d’entretenir les cloche pieds avant, arrière, latéraux sur 10 mètres. Nous
entretenons aussi à chaque séance les quatre descentes et remontées du sol (ch.III.3.2
et Ateliers 15 et 16). A partir de la perte
de la course on va continuer à entretenir la course au tapis roulant, des séries
de cent pédalages debout en danseuse, cyclo elliptique, cycloergomètres à main
en sprint rapides de 10 secondes ou exercices de résistances de 3’ sur chaque
main. Pour les personnes en phase d’état nous les plaçons en fin de séance sur
des pédaliers électriques et nous les faisons tourner à 50 à 60 révolutions par
minute[4] ce qui
permet de délier la marche après la série.
Entretien de la souplesse : en fin de séance nous insistons sur les
rotations et extension de troncs et dissociation des ceintures debout (Répertoire
p.1) et couché (p.3) et enroulement d’épaule avec rotation latérale des bras en
décubitus et procubitus (p.3)
[1]
Ryan, J.
M., Cassidy, E. E., Noorduyn, S. G., & O'Connell, N. E. (2017). Exercise interventions for cerebral palsy. The
Cochrane Library.
[2] Elshafey, M. A.,
Abd-Elaziem, A., & Gouda, R. E. (2014). Functional stretching exercise submitted
for spastic diplegic children: a randomized control study. Rehabilitation
research and practice, 2014.
[3]
Sultana,
R., & Mesure, S. (2008). Ataxies et syndromes cérébelleux:
rééducation fonctionnelle, ludique et sportive. (DEPRECIATED).
[1]
Sultana,
R., Mesure, S., Bardot, P., Heurley, G., & Tisserand, S. (2011). La sclérose
en plaques: des exercices actifs adaptés à chaque patient: Multiple sclerosis: individually
adapted active exercises. Kinésithérapie, la Revue, 11(109),
55-56.
[2]
Sultana,
R., Buatois, S., Mesure, S., Bardot, P., Crucy, M., & Reggiani, A. (2016).
Évaluation de l’efficacité d’un protocole de rééducation basé sur l’auto-organisation
des mouvements. Kinésithérapie, la Revue, 16(180), 13-19.
[3]
Laurent,
F. (2011). Corrélations entre capacités segmentaires, posturales et marche dans
la rééducation de patients parkinsoniens (2e partie): Étude rétrospective d'une
population de 42 patients parkinsoniens et 17 patients avec syndromes parkinsoniens
suivis en libéral. Kinésithérapie
scientifique, (526), 39-45.
[4]
Ridgel,
A. L., Phillips, R. S., Walter, B. L., Discenzo, F. M., & Loparo, K. A.
(2015). Dynamic high-cadence cycling improves
motor symptoms in Parkinson’s disease. Frontiers in neurology, 6.
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