mardi 2 avril 2019

III.5. Affections évolutives


III.5.1. Rééducation avec les SLA et les atteintes à évolution rapide

Comme on l’a dit dans la classification de Sultana Mesure (I. 1.2) les maladies neurologiques à évolution rapide nécessitent une thérapie préventive des complications. L’évolution motrice de la maladie est tellement rapide que le patient n’a pas le temps de s’adapter à chaque phase. A peine a-t-il fini par admettre la nécessité du releveur de pied, qu’il faut déjà prendre une canne puis deux, puis le fauteuil roulant. Le kinésithérapeute retrouve là l’étymologie du mot thérapie « s’occuper d’eux ».  Par sa présence, son écoute, ses mobilisations et étirements, le kinésithérapeute accompagne le ou la patiente dans cette perte progressive de contrôle de l’espace.

III.5.2. Rééducation avec les personnes atteintes par la Sclérose en Plaques. (SEP)  

Pendant les poussées de SEP, on se retrouvera dans le même cas de figure que les atteintes à évolution rapide. C’est un accompagnement palliatif.
A chaque régression du moyen de locomotion, on aura recours au port de l’attelle de releveur, une canne, deux cannes, fauteuil roulant, le patient marque une hésitation et refuse tout d’abord l’aide mécanique en disant que s’il y souscrit, il ne pourra plus s’en passer ensuite. Nous, on défend l’idée que la concession à la maladie c’est de réduire son périmètre de déplacement. Si l’attelle ou l’aide permet de conserver le périmètre, on n’a pas fait de concession. Pour l’orthèse, on développe l’argument selon lequel si l’on réduit son périmètre de marche à cause d’un pied déficitaire, alors c’est l’autre jambe non déficitaire qui va s’aligner par le bas sur la déficience.
Entre les poussées, puis en phase secondairement progressive, il faudra les traiter de la même façon que les chroniques stables.[1] Il faut prioriser le réentrainement progressif à l’effort pour essayer de regagner ce que la poussée a pris en sédentarisant momentanément le patient.[2]
On adoptera la même attitude avec les affections spino-cérébelleuses évolutives.
Pour les SEP pyramidales, il faudra apprendre au patient à étirer particulièrement les ischio-jambier, les adducteurs et son triceps sural. (Se mettre en charge unipodale en flexion dorsale sur cale ou face à une table (ch.III.2.2)

III.5.3. Problématique dans le Parkinson film 15'

Les premiers signes qui révèlent la maladie (micrographie ou tremblements ne sont pas gravement invalidants sur le plan moteur. Peu de gens écrivent maintenant de longues lettres à la main. On écrit sur des post-it ou des chèques. Le tremblement révèle la maladie à l’extérieur, mais il n’est pas invalidant au mouvement. Faut-il dès lors se traiter pour masquer ces signes affectant l’esthétique de la motricité sans l’empêcher ? Est-ce que le traitement par agonistes dopaminergiques puis ensuite la dopamine retarde l’arrivée de l’invalidité ? Auquel cas il faut se traiter le plus tôt possible. Ou est-ce que les traitements ont une durée limitée, auquel cas il faut les débuter le plus tard possible, lorsque arrive le signe le plus invalidant : le freezing qui, à terme mettra fin à la marche.
Ce freezing, on peut en débusquer les prémices en mesurant la hauteur du monter sur pointe des pieds, en faisant marcher le patient à reculons et en le faisant sauter à cloche-pied.[3]
Pour les personnes autonomes nous les entrainons à accélérer la vitesse de marche sur 1 km jusqu’à retrouver la course. Plusieurs personnes qui faisaient au début 5 km/h au kilomètre ont progressivement accéléré jusqu’à 9 km/h. Une personne, arrivée à 9 km/h est parvenue à 14 km/h en 4 ans : de 60 à 64 ans.
Nous les entraînons au sprint rapide sur 100 pas au tapis roulant. Nous essayons d’entretenir les cloche pieds avant, arrière, latéraux sur 10 mètres. Nous entretenons aussi à chaque séance les quatre descentes et remontées du sol (ch.III.3.2 et Ateliers 15 et 16).  A partir de la perte de la course on va continuer à entretenir la course au tapis roulant, des séries de cent pédalages debout en danseuse, cyclo elliptique, cycloergomètres à main en sprint rapides de 10 secondes ou exercices de résistances de 3’ sur chaque main. Pour les personnes en phase d’état nous les plaçons en fin de séance sur des pédaliers électriques et nous les faisons tourner à 50 à 60 révolutions par minute[4] ce qui permet de délier la marche après la série.
Entretien de la souplesse : en fin de séance nous insistons sur les rotations et extension de troncs et dissociation des ceintures debout (Répertoire p.1) et couché (p.3) et enroulement d’épaule avec rotation latérale des bras en décubitus et procubitus (p.3)


[1] Ryan, J. M., Cassidy, E. E., Noorduyn, S. G., & O'Connell, N. E. (2017). Exercise interventions for cerebral palsy. The Cochrane Library.
[2] Elshafey, M. A., Abd-Elaziem, A., & Gouda, R. E. (2014). Functional stretching exercise submitted for spastic diplegic children: a randomized control study. Rehabilitation research and practice2014.
[3] Sultana, R., & Mesure, S. (2008). Ataxies et syndromes cérébelleux: rééducation fonctionnelle, ludique et sportive. (DEPRECIATED).



[1] Sultana, R., Mesure, S., Bardot, P., Heurley, G., & Tisserand, S. (2011). La sclérose en plaques: des exercices actifs adaptés à chaque patient: Multiple sclerosis: individually adapted active exercises. Kinésithérapie, la Revue11(109), 55-56.
[2] Sultana, R., Buatois, S., Mesure, S., Bardot, P., Crucy, M., & Reggiani, A. (2016). Évaluation de l’efficacité d’un protocole de rééducation basé sur l’auto-organisation des mouvements. Kinésithérapie, la Revue16(180), 13-19.
[3] Laurent, F. (2011). Corrélations entre capacités segmentaires, posturales et marche dans la rééducation de patients parkinsoniens (2e partie): Étude rétrospective d'une population de 42 patients parkinsoniens et 17 patients avec syndromes parkinsoniens suivis en libéral. Kinésithérapie scientifique, (526), 39-45.
[4] Ridgel, A. L., Phillips, R. S., Walter, B. L., Discenzo, F. M., & Loparo, K. A. (2015). Dynamic high-cadence cycling improves motor symptoms in Parkinson’s disease. Frontiers in neurology6.

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Qui êtes-vous ?

Francis Laurent Kinésithérapeute à Bordeaux Enseignant en neurokinésithérapie dans les écoles de Bordeaux, Bègles, Dax, Poitiers et DU Paris Est Créteil. Formateur pour Mulhouse Alister et Bordeaux FCS http://www.alister.org/formations/reeducation_kinesitherapie_hemiplegie_chronique Bordeaux http://www.fcsante.org/programmes/hemiplegies.pdf